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jeudi 1 décembre 2011

San Judas Tadeo

C’est El Capu de la bande des Tropilocos qui m’avait parlé pour la première fois de San Judas. Il s’est rendu compte que la Santa Muerte lui jouait des tours et il voyait sa santé se dégrader. Il a décidé de jeter toutes ses statues de la Santissima pour se dévouer à San Judas. Et petit à petit, sa santé s’est améliorée.

Aujourd’hui, dans la bande des Tropilocos, la majorité se sont «convertis» à San Judas Tadeo. C’est par hasard que j’ai appris que la fête de San Judas avait lieu tous les 28 du mois. Etant à México ce jour là, il m’a paru normal d’assister à cette grande cérémonie en son sanctuaire.




Selon les évangiles, San Judas Tadeo ou Jude Thaddée était le cousin du Christ et fut l’un de ses douze apôtres. Son surnom est "le valeureux" ou "le courageux". Accompagné de son frère Saint Simon (Simon le Zélote), il prêcha en Mésopotamie après la mort du Christ et ce pendant environ 10 ans. Il fut martyrisé vers l’an 62 et décapité à Suanis, ville perse. Pour son courage et sa persévérance devant les sources de danger, il est traditionnellement vénéré comme patron des causes perdues ou désespérées.

Judas Tadeo est généralement représenté vêtu de vert, portant l’image du Christ à la main ou près de la poitrine. Il est particulièrement vénéré par les plus pauvres, notamment les toxicomanes, prostituées, narcotrafiquants et sans-emplois.Il est le saint patron des causes perdues, puisqu'il est reconnu comme étant le saint de l'espoir.



Son sanctuaire se trouve dans l’église de San Hipolito à México City. Il est officiellement honoré le 28 octobre mais à chaque 28 du mois, de nombreux fidèles viennent lui rendre hommage et lui demander de l’aide. En ce 28 novembre, je me suis rendu en son lieu saint. De nombreux marchants ambulants vendent statues de toutes tailles, bracelets, scapulaires, amulettes, images ou t-shirts à l’effigie de San Judas Tadeo.




Les messes ont lieu toute la journée à raison d’une par heure et des milliers de fidèles viennent prier et bénir leurs représentations de San Judas. Il est d’usage d’offrir ce jour-là des bonbons, des petits colliers représentant San Judas ou encore un peu d’argent à des fidèles.




Il y a tellement de monde que la grande avenue de deux fois trois voies est barrée à la circulation. Les pèlerins viennent principalement des quartiers populaires de México, mais aussi du reste du pays. Ils viennent avec leurs statues ornées de colliers et des scapulaires représentant leur saint vénéré. Parfois, des nouveau-nés sont vêtus d’une toge verte et blanche et se font bénir pour que leur santé s’améliore.



De nombreux jeunes des quartiers de México viennent chaque 28 faire bénir leurs statues. C’est une grande fête populaire qui permet aux milliers de fidèles d’espérer un lendemain meilleur.



La semaine prochaine je pourrai offrir des amulettes bénies à la bande des Tropilocos qui m’a fait découvrir ce culte !

Je vous redonne des nouvelles bien vite !

A bientôt,

Jean-Félix

Premières étapes au Mexique

Salut à vous !

Depuis jeudi dernier Jean-Félix est au Mexique. Il y restera pendant deux mois. Son périple a commencé au Lycée Franco-Mexicain de México le vendredi 25 novembre.

Los Tropilocos XXI et d’autres petits films réalisés dans les quartiers ont été présentés à six classes de différents niveaux.

La seconde étape est importante : il s’agit de la première projection officielle au Mexique du film documentaire BARRIO FOTO. Il sera projeté à l’Alliance Française de Puebla à partir de ce jeudi à 19h30.


Vous pouvez ici visionner le film et la conférence réalisée en Mai 2011 à l' INSA de Lyon :


Ensuite Jean-Félix se rendra à San Luis Potosi pour retrouver les bandes, leur présenter les films et les photos et voir les possibilités d'un échange franco-mexicain. Antsa le rejoindra là bas pour poursuivre le projet vidéo avec la bande des Tropilocos et celles de Pavon.

Mais avant ça, à México, Jean-Félix a participé aux cérémonies dédiées à San Judas Tadeo qui ont lieu tous les 28 du mois dans l’église San Hipolito de México.

Le témoignage et les photos de Jean-Félix dans un prochain article…

A suivre donc !

Chloé


vendredi 8 octobre 2010

Los Tropilocos XXI, deux ans après...

Cela faisait deux ans que j'avais dit Au Revoir aux Tropilocos, la première bande avec qui j'avais sympathisé il y a maintenant 4 ans. Un Au Revoir pour un long voyage, parfois dangereux et difficile, aussi bien physique pour me rendre jusqu'en Colombie, qu'abstrait dans mon parcours pour devenir photographe. J'allais rencontrer les Maras, des groupes armés Colombiens. Ils m'avaient béni avec la vierge de San Juan et la Santa Muerte en espérant me revoir bientôt. Depuis deux ans, je n'avais pas pu leur donner de nouvelle et un beau jour, je suis repassé au quartier...


La bande reste fidèle à elle-même, simple, festive et accueillante. Certains sont retournés en prison, d'autres sont retombés dans la drogue, ou ont encore conservé leur travail qui leur permet de faire vivre leur famille. Un autre transporte la drogue pour les Zetas (le cartel qui contrôle San Luis), d'autres continuent à laver des voitures pour se faire un peu de sous. Leur accueil a été génial. J'ai pu leur raconter comment s'était passé mon voyage, puis les expositions en France, mon expérience à Paris, puis mon retour au Salvador.



En deux ans, j'ai pu me rendre compte de certains changements ou évolutions...

La Croyance envers la Santa Muerte

Le plus notable est la relation que la plupart de ces jeunes peuvent entretenir avec la Santa Muerte. Capu, le "papa" de la bande, a eu de sérieux soucis de santé. En en parlant autour de lui, on lui a dit que c'était probablement la Santa Muerte qui lui jouait des tours. Il s'est mis à lire la bible et s'est rendu compte que cette divinité serait en fait une incarnation du diable. Il a décidé de tout jeter: ses statues, posters, pendentifs, bagues, tout ce qui pouvait avoir rapport avec la Santa Muerte. Son état de santé s'est amélioré. Il a donc invité les autres membres de la bande à abandonner cette croyance maléfique pour se vouer au culte de San Judas Tadeo. La plupart l'ont suivi, plus que deux continuent à s'y dévouer. La Santa Muerte qui avait été peinte dans leur squat a été remplacée par un San Judas (à ne pas confondre avec le Judas traître de Jésus). San Judas, c'est le saint patron des causes désespérées, des maladies incurables aux situations économiques très délicates. San Judas produit des miracles et n'est pas maléfique comme pourrait l'être la Santa Muerte. Nouvelle mode ou pas, sur le marché, on trouve maintenant toutes sortes d'articles en son effigie juste à côté de la Santa Muerte ou d'autres vierges. San Judas est particulièrement vénéré dans les milieux populaires, dans les plus pauvres du Mexique, par des personnes pouvant ou devant parfois ou régulièrement enfreindre la loi pour survivre.

Capu a décidé de se tatouer un San Judas sur la hanche
pour le remercier de l'aide qu'il a pu lui offrir.

Dans le Squat, la Santa Muerte (ci-dessous) a été remplacée par San Judas (ci-dessus)



L'exposition photo

Il y a deux ans, avant de partir pour le sud, j'avais installé avec la bande une exposition dans une des pièces de leur squat. J'ai été agréablement surpris de voir qu'ils s'étaient appropriés l'exposition et qu'ils avaient même pendant mon absence rajouté des photos de leur dernier pèlerinage ou de la bande plusieurs années auparavant.



Les jeunes grandissent

C'est avec les plus jeunes qu'on se rend compte que le temps passe si vite. Beaucoup on bien grandi comme vous le montrent les photos ci-dessous!

Le fils de El Espidi tenant une photo de lui prise trois ans auparavant.


El Oscar avec ses ballons de boxe. Il y a deux ans, l'engouement pour la boxe était terrible, aujourd'hui, c'est vraiment beaucoup plus calme... Le matériel est là, mais les entraînements pour les jeunes ne sont plus du tout réguliers comme avant...



Le fils d'Arnold a lui aussi bien poussé! C'est l'enfant de la photo qui a tant choqué, son père ayant insisté pour que je le photographie avec une arme dans la main...



Vers la paix?


L'ennemi juré des Tropilocos a toujours été la bande du Callejon. Aujourd'hui, ces deux bandes du centre-ville de San Luis ne s'affrontent plus. Non, ils ne se sont pas vraiment réconciliés, mais ils ne se font plus la guerre... Il y a deux ans, le cartel des Zetas arrivait tout juste à San Luis Potosi. Aujourd'hui, ces derniers sont bien installés et contrôlent tout. Ils ont dispersé des "boutiques officielles" de drogues un peu partout dans la ville. Pour acheter leur marihuana, les Tropilocos doivent maintenant se rendre dans le quartier de leur ennemi juré pour trouver la fameuse boutique. Et interdiction de chercher des problèmes, sinon c'est le cartel lui-même qui s'occupe de faire régner l'ordre, en tuant ceux qui veulent se battre. Le cartel organise même des tournois de foot avec de superbes trophées à la clé dans l'objectif que les bandes se calment totalement. A San Luis, les bandes "familiales" ne font plus régner leurs lois, on est passé à un niveau supérieur, bien plus préoccupant et dangereux...