dimanche 19 décembre 2010

Grève Générale à Marseille


A partir de la rentrée scolaire, la France a connu un mouvement social important et une mobilisation nationale pour lutter contre la réforme des retraites. Le gouvernement et les media ne cessaient de revendiquer l'essoufflement du mouvement par peur d'une perte de contrôle générale. En octobre, c'était l'apogée du mouvement. Pendant mes trois semaines à Marseille, j'ai pu suivre l'évolution des manifestations. Les rues étaient remplies (de manifestants et de poubelles!), on criait des slogans révolutionnaires, les raffineries étaient bloquées, l'essence commençait à devenir rare et des dizaines de pétroliers étaient en rade dans le port de Marseille...
Des milliers de personnes sont descendues dans les rues partout en France, non seulement contre la réforme des retraites, mais aussi pour revendiquer leur ras-de-bol général face aux actions du gouvernement. Finalement, ce dernier n'aura pas cédé, en employant des moyens radicaux et le mouvement se sera essoufflé en novembre. Même si les français ne sont pas arrivés à leurs fins, ils ont montré qu'une grande mobilisation était possible et le sera encore...


Lors de ces manifestations, les français ont rappelé au gouvernement que sa politique d'expulsion des sans-papiers était intolérable.


Des dizaines de pétroliers en rade dans le port de Marseille...


L'exposition "J'écris ton nom, Liberté"

Voici quelques photos de l'exposition collective de Martigues dans la salle de l'Aigalier, qui aura été visible pendant tout le mois d'octobre, en même temps que le grand mouvement social qu'aura connu la France sur le problème des retraites.

Photographies de Jean Barak sur les manifestations marseillaises

Photographies d'Anne-Marie Camp sur la Palestine

Photographies de Marina Obradovic sur la thématique des Roms, ici et là-bas

Ma partie de l'exposition sur la jeunesse latino-américaine
dans les quartiers populaires et communautés indigènes.

De nombreuses personnes étaient présente lors du vernissage,
rythmé par le concert de Sylvie Paz.

mardi 12 octobre 2010

Exposition collective à Martigues: "J'écris ton nom, Liberté"

Bonjour à tous,

Si vous êtes dans le sud au mois d’octobre, vous êtes les bienvenus à l’exposition collective organisée par l’association «Photographes d’Ailleurs et d'Ici» du 12 au 30 octobre 2010 à la médiathèque et à la salle de l’Aigalier de Martigues, du mardi au samedi de 14h30 à 18h30. Cinq photographes exposent leurs photographies sur le thème « J’écris ton nom, Liberté». Pour ma part, vous découvrirez de nouvelles photographies réalisées cet été dans des quartiers à San Salvador et au Mexique, en passant par le Lac Atitlan au Guatemala. La thématique des nouveaux reportages reste similaire à celle du premier projet Fotomexcabia: la jeunesse en marge dans les quartiers populaires et communautés indigènes, avec une réflexion sur la liberté.

Pour rencontrer l’ensemble des photographes participant à l’exposition, vous êtes les bienvenus au vernissage le jeudi 14 octobre à 18h30 à la salle de l’Aigalier avec un concert de Sylvie Paz. Le grand photoreporter REZA est cette année le parrain de l’évènement. Il donnera une conférence le vendredi 15 octobre à 18h à la médiathèque Louis Aragon de Martigues.

A bientôt!

Jean-Félix

Les rafles "légales" au Mexique

Samedi 28 août 2010, aux alentours de minuit, dans le quartier de San Felipe, Soledad de Graciano Sanchez, San Luis Potosi, Mexico.

C’est mon dernier samedi soir au Mexique. Avec Antsa, un ami français venu réaliser un documentaire vidéo, et Edgar, un voisin, nous décidons d’aller dans le quartier voisin pour acheter une Michelada, une bière un peu spéciale, pour fêter notre départ.

Après vingt minutes de marche, nous consommons une boisson sur place et nous décidons d’en emmener une autre pour la boire au quartier.

Nous repartons à pied vers la maison. Nous traversons une route, quand en contrebas de celle-ci, un pick-up de la Police Municipale de Soledad s’arrête et 4 policiers se dirigent vers nous en courant. Je ne m’inquiète pas, car je pensais être en règle. Ils nous dégagent violemment nos boissons et nous emmènent de force vers le pick-up. Notre délit : boire de l’alcool sur la voie publique…

Je discute un peu avec les policiers, leur expliquant qui je suis, mon projet. Ils avaient entendu parler de moi car mon projet se réalisait dans le même quartier que leur poste de police.

Nous partons en pick-up. Je pensais qu’ils nous emmèneraient directement à Pavon, mais pendant une heure, nous poursuivons des arrestations de masse violentes avec d’autres unités de forces de l’ordre. Des jeunes à pied qui rentraient chez eux, d’autres jeunes regroupés dans un coin de rue pour boire et fumer. Arrestations musclées : coups de poing, coups de pied, matraques. Avec nous trois, les policiers restent tranquilles (physiquement, car nous avons été insultés et humiliés).

Vers 1h du matin, nous arrivons à Pavon dans le nouveau centre de police. Nous attendons de nous faire enregistrer. On nous promet que cela ne durera pas longtemps et qu’on nous libèrera très bientôt.

Lors de l’enregistrement, on me demande 300 pesos pour sortir. Je n’avais pas d’argent sur moi. On me demande si je veux passer un coup de fil. Un peu sonné, je réponds ne pas savoir qui appeler. On nous enferme tous les trois dans une cellule de 20 mètres-carrés où 8 autres jeunes étaient présents. En jetant un coup d’œil sur la liste des détenus, la moyenne d’âge est entre 20 et 25 ans.

Je demande à parler avec le chef du poste de police, mais on ne m’écoute pas. Des dizaines de jeunes arrivent par vagues pour se faire enfermer. Bientôt, nous nous retrouvons à 80 dans cette petite cellule, entassés comme du bétail. Certains, par chance, sont assis, le plus grand nombre n’a pas d’autre choix que de se tenir debout, les moins bien placés doivent rester debout dans les « toilettes », les pieds dans l’urine.

Les 4 cellules du poste se remplissent à une allure incroyable. Les détenus commencent à insulter les policiers, débordés par tant de personnes à enregistrer.

Vers 4h du matin, nous voyons passer des hommes cagoulés vêtus de bleu et de gris. Aucune insigne officielle du gouvernement mexicain, mais de grosses armes... Le mot « Zetas » circule dans la cellule. Un homme en chemise et aux bottes en peau de crocodile tenait une grande planche de bois épaisse. Pour calmer les débordements des détenus (insultes du type « putain de porcs », « putains de flics corrompus »,…), ils prennent au hasard un ou deux jeunes dans chaque cellule.

Grand silence… On entend au loin les cris des détenus qui se font frapper violemment sur les fesses avec la grosse matraque de bois. Nous les voyons revenir en pleurs…

Je demande régulièrement à parler avec un supérieur. On me répond « bientôt », le plus souvent on m’ignore ou on me rit au nez. N’ayant aucun moyen pour négocier, nous partons pour une garde à vue de 24 heures, soit jusqu’à une heure du matin le jour suivant. Antsa lui doit partir à 5h30 ce même jour pour la France et nous avions prévu de faire la tournée des quartiers pour dire au revoir…

Vers 7h, Antsa découvre qu’il est en possession d’un billet de 200 pesos. Nous appelons un garde. Il me laisse sortir pour aller négocier avec le juge. J’ai la permission d’aller chercher le reste de l’argent pour libérer mes amis. Il est près de 8h quand nous rentrons chez nous en payant par personne une amende de 20 euros.

J’ai maintenant réellement compris que le Mexique est une narcocrature. C’est le cartel des Zetas qui dirige San Luis. La police travaille pour eux, le maire également. Tous les jours, la police arrête arbitrairement des jeunes, parfois en détention de produits « illicites » (vendus par ces mêmes personnes) pour récupérer l’argent de la caution. Un business très juteux…

Dans ces centres de détention, tout peut arriver. Et rien ne peut être fait contre ces personnes qui ont tous les droits, même celui de mettre fin aux jours d’une personne si l’envie lui dit. C’est par exemple le même cartel qui a tué 72 immigrés dans l’état de Tamaulipas à cette même période.

Un message international : si vous voyez la police courir vers vous, courrez ! Ce n’est pas pour assurer votre protection qu’ils s’intéressent à vous, mais pour vous kidnapper et vous faire payer : du vol et une violation des droits de l’Homme. Courrez !

Humiliation, violence verbale et physique, torture, extorsion de fonds, voire disparition, en ayant affaire à la police mexicaine, vous avez de fortes chances de vous adresser à des membres du cartel qui contrôle le territoire où vous êtes. Courrez ! Car une fois détenu, nul ne sait ce qui peut arriver !

dimanche 10 octobre 2010

BARRIO FOTO SAN LUIS: L'atelier photo et l'expo à Pavon


Après l'atelier photo dans un quartier de San Salvador en juillet, c'était maintenant au tour du quartier de Pavon. J'ai vécu une année entière dans ce quartier, je connais donc bien les habitants. En 2008, au tout début du projet FOTOMEXCABIA, j'avais animé un premier atelier photo (dans un travail visant à comparer ce quartier avec celui de la Villeneuve à Grenoble). En 2010, nous passons à du matériel numérique de qualité, ce qui permet aux jeunes de voir directement leurs prises de vue et de progresser plus rapidement.

Cet atelier était sans soutien de partenaire local, le maire de la ville étant totalement insensible à ce genre d'initiative (il préfère sans-doûte l'activité plus juteuse du traffic de drogue...) et les ONG étant absentes de ce quartier. Avec une moyenne de trois jeunes âgés de 10 à 13 ans, je leur ai d'abord donné un cours théorique sur le fonctionnement d'un appareil photo, nous avons regardé des photos de maîtres, puis nous avons photographié le quartier pendant une semaine. Le samedi, une exposition de leurs photos est apparue sur la place centrale du quartier, ainsi que certains de mes clichés pour partager avec les habitants l'expérience de mon périple deux ans plus tôt.


L'équipe

Hector, Azael et Mary ont participé assidûment à l'atelier



Les photos des participants

Voici un extrait des photos réalisées par les participants dans leur propre quartier: Pavon.



L'exposition

L'exposition en plein air située dans un endroit neutre et riche en passage a été un véritable succès, de nombreux habitants s'arrêtant pour découvrir des clichés de leur quartier ou d'ailleurs.

Deux articles sont également parus dans la presse locale. Ce type d'initiative intéresse également une organisation culturelle qui aimerait l'élargir à de nombreux quartiers de San Luis Potosi.

vendredi 8 octobre 2010

PAVON, mi Barrio


Pavon est le quartier où j'ai vécu pendant un an lors de mon échange universitaire à San Luis Potosi au Mexique. Cela faisait également 2 ans que j'avais dit au revoir au quartier, aux enfants, aux bandes, aux commerçants, aux plus âgés. Et deux ans qu'ils ne savaient pas ce que j'étais devenu et moi-même, je ne savais pas comment j'allais retrouver le quartier. Pavon, mon quartier, le reste toujours et j'ai été impressionné de l'accueil que m'ont réservé les habitants. Pavon dépend de la municipalité de Soledad de Graciano Sanchez, en périphérie de San Luis. Toute la ville est au main du cartel des Zetas, y compris Pavon. Alors, comme chez les Tropilocos en centre-ville, la situation s'est à la fois calmée et empirée. Les bandes sont toujours présentes, mais ils n'y a presque plus d'affrontements, sous peine d'avoir de gros problème avec le pouvoir suprême que sont les Zetas. Le quartier dispose de sa boutique de drogue officielle, située entre le lycée et le nouveau poste de Police. Certaines personnes que je connaissais sont "montées en grade" pour le simple fait de tenir cette boutique. Et toutes les bandes du quartier doivent donc venir se procurer leurs produits sur ce territoire ami ou ennemi...

Deux écoles

A Pavon, les deux "écoles" subsistent: Pavon York et Wepavon. Les différentes bandes (il y en a près d'une dizaine) peuvent être amies ou ennemies, tout en restant indépendantes. Mais en cas de litige important, ceux appartenant au courant de Pavon York se rassemblent pour lutter contre ceux de Wepavon, en toute discrétion, puisqu'une bagarre peut être terriblement réprimée par le cartel.


Les bandes

La Clika est une des bandes les plus connues de Pavon (après les Bubbles qui sont pour la majorité en prison). Le cartel a confié la fameuse boutique à certains de la bande, ceci pouvant leur assurer une certaine protection (toute relative cependant) et un plus grand "respect" au sein du quartier de la part des autres bandes.



Los Patos sont l'ennemi juré de la Clika. La bande n'est plus vraiment active, car beaucoup sont partis travailler aux Etats-Unis, d'autres sont en prison ou travaillent. La bande d'amis peut se retrouver le soir pour discuter tranquillement. Beaucoup aujourd'hui ont des enfants et ont donc été "obligés" de se calmer.



Les POTS sont beaucoup plus jeunes et également beaucoup plus calmes. La plupart sont passionnés de graffitis et ont même regroupé plusieurs autre jeunes de l'ensemble du quartier à la PGR (Pavon Graf Rifa, signifiant "Les Grafs de Pavon qui déchirent tout").


Une autre bande d'amis que je ne connaissais pas, voisins de la Clika, m'ont également ouvert leurs portes.


Retrouvailles avec Los Monjes (les Moines).



La BOSS, les "enfants" de la bande des Bubbles.



Les NSE - Ninos Sin Educacion - (Enfants Sans Education).


Los Monos Locos, voisins de los Monjes.



La Guerrilla est la grande bande de supporters répartie dans toute la ville pour l'équipe de foot de San Luis Potosi.



La Santa Muerte

Le culte à la Santa Muerte est toujours très populaire à Pavon. Sa présence se note sur de nombreux tatouage et beaucoup sont ceux à avoir leur propre autel chez eux.



Balade photographique à Pavon

San Judas, le saint patron des causes perdues, est également visible à Pavon

Les participants de l'atelier photo de 2008

La marihuana pousse comme du chiendent, comme ici à côté d'une pompe.

El Mexica nous montre les "produits officiels" de la boutique tenus par son fils

El Mexica s'amuse à provoquer ses deux petits pitbulls